De l'austérité de la maison-forte médiévale aux splendeurs de la demeure Renaissance...

Le domaine de la Bastie dans la plaine du Forez entre en possession de la famille d’Urfé après le mariage d’Arnoul d’Urfé et Marguerite de Marcilly en 1270. Cette dernière tenait cette propriété de son père Pierre qui lui-même avait auparavant hérité de son frère Jean... (qui l’avait acquis en 1265 par échange avec le prieur de Champdieu...).

Le domaine de la Bastie n’est nommément cité qu’à deux reprises au XIVe siècle en 1313 et 1316 : une première fois dans le testament d’un paroissien de la commune de Saint Etienne le Molard, Etienne Travers de la Bastia, puis dans l’aveu des biens du seigneur d’Urfé (fils de Marguerite).

Ce n’est qu’en 1338 que ce dernier fait hommage de la seigneurie de la Bastie ("Basticia") au Comte de Forez Guy VII (1333-1358). La demeure n’est alors qu’une maison-forte plutôt modeste construite en pisé.

Avant les grands travaux d’aménagement menés par Claude d'Urfé (1501-1558) au XVIe siècle, il est relativement difficile d’établir une chronologie précise concernant l’évolution de la demeure familiale d’ Urfé :

Entre 1405 et 1440, un fragment de registre audiencier de justice mentionne le "fortalitium" de La Bastie avec ses fossés et son pont-levis. C’est une phase d’agrandissement de la "domus fortis" qui semble marquée l’installation de la famille d’Urfé dans les lieux. Le vestige le plus ancien du passé médiéval de La Bastie est sans doute une tour carrée des plus trapues que l’on peut voir sur la "Vue cavalière de la Bastie d'Urfé" réalisée par Etienne Martellange en 1611.

La maison-forte telle qu’elle se présente aux XIIIe et XIVe siècles est typique de l’époque : une simple plateforme quadrangulaire sur laquelle sont groupés les bâtiments, entourés de larges fossés maintenus en eau.

Du retour en grâce de Pierre II d'Urfé (1430-1508) en 1483, qui dès lors s’installe définitivement à La Bastie, jusqu’à sa mort en 1508, une autre phase importante d’aménagement de la demeure forézienne semble avoir eu lieu en lien notamment avec la fondation en 1485 d’un couvent de Cordeliers à proximité du château (autorisée par une bulle d’ Innocent VIII).

Le fils unique de Pierre, Claude d'Urfé (1501-1558), reste dans l’histoire de la famille et plus largement dans celle du Forez comme le grand artisan de l’aménagement du château de La Bastie dans un style fortement empreint de Renaissance italienne.

A la mort de ce dernier en 1558, rien ne laisse présager que ses successeurs ont poursuivi son oeuvre d’amélioration de la demeure familiale. Par ailleurs, le décès de Claude marque l’arrêt brutal de la politique d’acquisitions foncières autour du château suivie par le seigneur d’Urfé à la suite de sa mère. Accaparé par les troubles liés aux guerres de Religions Jacques Ier d'Urfé (1534-1574), héritier de La Bastie ne mena selon toute vraisemblance aucun programme de travaux de son vivant.

Par la suite, les derniers descendants de Claude ne portèrent qu’un intérêt négligeable à la demeure forézienne notamment en raison de la situation financière qui s’aggrave d’année en année.

Charles-Emmanuel d'Urfé (1604-1685), le seul fils de Jacques vécut la plus grande partie de sa vie à Paris mais il laissa néanmoins à La Bastie les seuls aménagements sûrement datés du XVIIe siècle (aménagements qui se montrent malgré tout très modestes).

C’est avec la mort sans enfant du seul fils marié de Charles-Emmanuel, Joseph-Marie, en 1724, que s’éteint le nom d’ Urfé. Dès lors, la demeure familiale connut pendant un siècle et demie des changements de main permanents...


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